MEMOIRES DU FOND DU PUITS - CHAPITRE 3 LE MUR DES SOUFFRANCES

 Rien n’est le fruit du hasard

GC Jung écrivit : « Les coïncidences d’évènements liés par le sens sont pensables par pur hasard. Mais plus elles se multiplient et plus la concordance est exacte, plus leur probabilité diminue et plus grandit leur invraisemblance, ce qui revient à dire qu’elles ne peuvent plus passer pour pur hasard, mais doivent, vu l’absence d’explication causale, être regardées comme arrangements sensés. Leur inexplicacité ne provient pas de ce qu’on en ignore la cause, mais du fait que notre intellect est incapable de la penser ». (Synchronicité et paracelsica –Jung, un voyage vers soi de Frédéric Lenoir).

 

A chaque pied posé, un questionnement. A chaque prise pour grimper vers le ciel, les pierres me blessent les mains, attendant une réponse.

Ce n’est pas au fond que se trouve la guérison, le puit nous protège et nous aspire sans fin dans un couloir silencieux empli de portes fermées. Les sons sont absorbés et le corps détaché de toute chose. Tel le marin au large pris dans une tempête, luttant pour maintenir son cap, puis pour ne pas renverser et enfin pour ne pas se noyer quand il coule, celui qui est au fond du puit se demande s’il doit laisser faire ou essayer de remonter.

 

Lorsqu’il remonte, lentement, encore fragile, il est en introspection. Il peut être accompagné lors de sa remontée, mais le plus important c’est de pouvoir, de vouloir déjà remonter à la surface lorsque l’on est au fond du puit.

C’est cela le plus profond changement entre l’avant et l’après.

 

Et parfois la question se pose, est ce que ce puit est le fruit du hasard, ou suis-je le « coupable » de ce qui m’arrive. C’est bien la raison qui fait que je reste au fond du puit. A la fois incapable de gérer cette situation issue d’une multitude de complications et d’évènements inscrits dans une intemporalité, associée à une culpabilité puisque c’est moi qui interagit en conséquence.

 

La réponse est pourtant simple. Un coupable n’est que le fruit de ce qu’il a fait, mais pas de ce qu’il a subit, qui n’est que la cause de ses actes.

Lorsque vous êtes au fond du puit c’est exactement le contraire.

 

Pourtant, rien n’est le fruit du hasard, telle est ma conviction, et GC Jung, l’explique aussi dans l’idée que nous n’arrivons pas à en comprendre la cause.

Il est essentiel d’abandonner tout sentiment de culpabilité. Puis de préparer l’ascension.

 

Chaque pierre me blesse d’une information, que j’assimile, que j’écoute, que j’analyse. Et je comprends qu’il n’y a pas de hasard, qu’il était nécessaire de tomber au fond du puit. J’étais sourd, et j’écoute, j’étais aveugle et je regarde, j’étais matière, et je suis éthéré, j’étais éteins et je suis éclairé. J’étais permanent, et je deviens impermanent.

 

La « prise d’inconscience » et toujours difficile. Lorsque se lève le voile des incompréhensions et que l’aveugle que nous sommes perçoit des lumières diffuses, il croit voir de nouveau. C’est une erreur.

Cela va faire environ six mois, je me suis enfoncé dans une torpeur émotionnelle assassine. Mon conscient, submergé d’émotions incontrôlables, s’est enfoncé dans une douleur qui m’a conduit dans ce lieu, le puit. Ce temple d’isolation est véritablement l’expression de la dernière solution qu’a trouvée l’inconscient afin de protéger le moi de chacun.

Mes nuits sont rythmées par des messages lors de réveils à nombres miroirs et de rêves parcellaires que j’inscrits dans mon «journal de bord».

L’ascension n’est pas physique, elle est spirituelle. C’est véritablement un renouveau qui mérite d’être dans chaque instant afin de comprendre véritablement le sens des déblocages.

Mon mental est dispersé, je vogue de droite et de gauche, sans me préoccuper du vent de la réalité. Mes mots sont parfois insensés, et mes pensées s’égarent, oubliant parfois jusqu’aux informations simples telles que le nom de certaines personnes, le lieu où je dois aller, mes rendez-vous, mes méthodes d’organisation passées.

 

Les aspérités ne me font plus mal, je sens que prendre le temps me permet de gravir le puit par sa face la plus mystérieuse. J’ai bien conscience que même si j’avais ouvert la porte de cet autre dimension, je n’avais pas vraiment poussé la porte et que je n’étais pas encore entré.

C’est ce moment où vous voyez la lumière de l’autre côté de la porte et que vous pensez avoir pris conscience alors que vous n’avez fait que regarder. Si vous n’êtes pas préparé, vous vous brulez les ailes, tel Icare. 

Certains pensent avoir trouvé la sublimation, alors qu’ils n’ont fait que de s’approcher de la lumière.

Le fait d’ouvrir et de mettre ne serait-ce qu’un pied de l’autre côté déclenche une déconstruction de soi. Si vous n’êtes pas préparé, c’est l’effondrement émotionnel.


Se préparer signifie simplement être dans sa vie. Ne pas être dans sa vie, sur sa voie, son chemin, ne pas avoir pris conscience de ce qui nous entoure et de notre place dans ce monde ne permet pas d’ouvrir la porte.


Et si nous ne sommes pas dans le présent de notre vie, en équilibre, soit nous subissons, soit nous tombons dans le puit. Il n'existe que peu de personnes qui soient véritablement en plénitude. Mais il est possible de se réaliser, en sachant cependant que cela passera par une souffrance émotionnelle.




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