MEMOIRES DU FOND DU PUITS

        

«Raconte- moi une belle histoire, une histoire que tu n’as pas vu à la télévision, sur ce petit écran bleu qui s’allume et endort ton esprit dans un méandre de messages subliminaux destructeurs.

Raconte-moi une belle histoire, une histoire que tu n’as pas entendu sur une chaîne radiophonique, ces ondes qui véhiculent des voix qui ne sont plus, qui mentent et inventent des vérités qui ne sont pas écrites pour toi.

Raconte-moi une belle histoire, une histoire que tu n’as pas vu sur des réseaux sociaux, lieux frénétiques de la pensée inique, où le nombrilisme se compile avec des êtres émotionnels qui succombent sous la lapidation des bien-pensants.

Raconte-moi une belle histoire, une histoire qui n’est pas inscrit dans ta souffrance quotidienne au travail, dans l’apparence du monde des semblants où le but n’est que le pouvoir, la manipulation ou l’argent.

Raconte-moi une belle histoire, une histoire qui ne parle pas de tes désirs matériels, de tes amours perdus ou de tes voyages compensatoires.

Raconte-moi une belle histoire, ou plutôt ne me la raconte pas, vis la simplement, pleinement ».

 

La chute

“Au commencement était l'émotion.” (Louis Ferdinand Céline)

 

C’est comme un maelstrom, un raz de marée. Cela vous emporte sans que vous ne puissiez rien y faire. Malgré tous vos efforts, votre volonté s’étiole et s’étire pour disparaitre. Vous vous effondrez.

Dans ce puit qui vous aspire, votre esprit se disperse en s’enfonçant dans une chute qui ne semble pas vouloir cesser.

Lorsque finalement vous avez l’impression d’avoir touché le fond, le sol semble mou et gluant.

Alors vient la tempête. Des vagues incessantes d’émotions s’alternent. La souffrance vous étreint, vos intestins se nouent et votre respiration devient irrégulière, votre esprit demeure, mais il ne maitrise plus rien.

Dans un premier temps, vous libérez cette souffrance, vous ne supportez plus rien, vous vous énervez pour rien. Puis vous vous éteignez, progressivement. Vous n’écoutez plus, vous n’entendez plus. Vous vous renfermez sur vous-même. Vous perdez votre joie de vivre, votre joie de vie, votre volonté de vivre.

La souffrance émotionnelle vous ronge, vous passez de larmes à résignation, lassitude à tristesse, sans comprendre vraiment pourquoi. Vous n’avez plus envie de rien, vous êtes sans émotions extérieures, vous vous sentez vidé, essoré, sans énergie. Passant de cycle de larmes, de crise d’angoisse, votre esprit demeure, tente de vous déconnecter de cet état, sans résultat.

L’émotion gouverne l’esprit.

Au fond du puits, vous grattez le sol, comme si une sortie était possible, alors qu’il suffit simplement de lever la tête.

Des voix, simplement, raisonnent dans votre tête, mais ne s’y attardent pas. L’esprit demeure, il vous aide à écouter, à entendre. Il ne lui reste que cela pour vous convaincre de revenir, de ne pas vous enfoncer encore plus.

Votre conjoint, vos proches, vos amis (es), votre médecin, des personnes de passage dans votre quotidien, vont vous amener à lever les yeux au-dessus de votre tête. Alors, vous commencerez à grimper, prise après prise, afin de remonter à la lumière. Votre esprit demeure, il vous apporte de l’espoir, vos émotions se transforment et vous grandissent pendant l’ascension. Et vous savez déjà que lorsque vous sortirez, vous ne serez plus le même.

 

Introspection du fond du puits

« Lorsque l’on tombe, ce n’est pas le pied qui a tort » (proverbe chinois)

 

Je suis dans ma prison mentale. Au fond du puits, j’ai entendu les voix du dessus qui m’appellent et m’invitent à les rejoindre vers la lumière.

Mais je ne suis pas encore prêt. Le puit n’est pas seulement un enfermement, il est devenu ma protection. Et lorsque je m’endors, et que mon esprit s’efface pour laisser place à mon subconscient, celui-ci me submerge de messages que je ne peux traduire.

Seul celui qui est tombé au fond de ce puit peut comprendre combien il est dur de sortir de cette boucle émotionnelle dans laquelle on vit.

J’entends, dans mon puit, les pensées des autres. De celles et ceux qui disent : « les émotions, c’est normal…on vit tous des moments difficiles…ils sont fragiles, inadaptés, ils ont des problèmes psy…. ».

Assis par terre, au fond du puits, je regarde la terre, je continue à gratter. Comme si l’issue réelle fut de m’enterrer, de m’enfouir au plus profond. Mais paradoxalement, je sais que si je continue à faire cela, je souffrirai encore plus. Je sais que cela ne résoudra pas mon mal-être.

Je crois que c’est pour beaucoup à ce moment-là, que le souhait de tout arrêter s’exprime. Ce n’est pas comme une envie, un désir, une volonté, c’est simplement un fait, une réalisation.

Je ne pense pas qu’il y n’y a pas d’autres solutions, je pensais que c’était le fondamental du suicide. Croire qu’il n’y a pas d’autres possibilités et en finir n’est pas logique dans le puit.

Juste cesser d’exister, comme une simple vérité. Tout effacer, une fois pour toute, et que cesse la douleur. Je pensais que si on mettait fin à ses jours, c’était pour recommencer, c’est totalement faux. Au même titre que les personnes en souffrance physique absolue, la souffrance émotionnelle conduit à cette juste pensée de l’esprit : cesser la douleur.

Je m’aperçois que je vis une expérience introspective. Ecrire est le seul moyen pour mon esprit de rester en contact avec moi, et m’empêcher de m’enfoncer encore plus.

Lorsque j’ai pris rendez- vous chez mon médecin, je lui ai dit que je n’avais pas de problèmes physiques, mais un problème psychique. J’ai rajouté que c’était un appel au secours. J’ai eu de la chance. D’être bien conseillé par mes proches, amis, et de ne pas être encore au tréfonds du puit.

La chute est douloureuse, mais lorsque vous êtes au fond depuis longtemps, plus difficile sera l’ascension. Lorsque l’esprit s’efface, seule la folie demeure.

Plus la souffrance émotionnelle est forte, et moins on lutte contre elle. Elle prend littéralement possession de l’esprit.

Au fond du puits, on lutte en permanence contre soi-même. Je n’avais jamais connu un tel conflit. Une véritable guerre intérieure entre l’esprit et les émotions, la raison et les passions.

Alexander Pope écrivit : « si la raison est la boussole, les passions sont les vents». Je réponds « lorsque les passions deviennent tempête, la boussole perd la raison». C’est le cas dans mon introspection, je vois qu’aucune boussole, aucun guide n’a d’utilité. Les tornades incessantes émotionnelles m’emportent dans un isolement protecteur. Plus de goût à rien, je ne me raccroche qu’à un clavier qui exprime à ma place ma douleur.

Je comprends que mon esprit a su retrouver dans ma mémoire ces moments difficiles de mon enfance où j’écrivais sur un cahier mes souffrances de pré-adolescent. Je sais maintenant que cette émotivité excessive dans mon être a toujours existée. Et que je n’ai que mes doigts pour transcrire, exprimer, hurler ma douleur d’être celui que je suis. Je réalise au fond de mon puit que je me suis construit une armure. La même armure que j’ai conseillée à mes enfants, victimes de la même malédiction que moi.

Et que cette ultime protection, qui se fissurait à chaque fois que j’ouvrais un peu plus les yeux, vient de s’écrouler à mes pieds, me laissant nu, sans défense, attaqué de toute part.

Existe-t-il un équilibre tao qui fait que des êtres sont sacrifiés dans ce monde à l’autel des bourreaux ? Et que d’autres se soulagent des mêmes émotions afin de ne pas les vivre ?

Lorsque je regarde les végétaux, les animaux, je vois bien que nos émotions « Humaines » peuvent être génératrices ou destructrices pour eux.

Dois-je souffrir parce qu’il le faut ? Si cela permet au monde de mieux vivre, je remets ma vie émotionnelle entre vos mains. Mais je ne tiendrai pas longtemps.

Lorsque l’on est au fond du trou, on devient fou. Ou on croit qu’on le devient. Lorsque je suis allé voir mon médecin, j’étais persuadé que j’étais le problème pour les autres. Il faut dire que certains l’ont sous-entendu. Je n’arrive pas à m’adapter à ce monde, à accepter de souffrir pour les autres, à accepter de ne pas vivre pour les autres, à ne pas cesser de me poser des questions, à rechercher si une autre existence est possible, à ne pas comprendre la douleur de ce monde, à pleurer à chaque malheur, qu’il soit proche ou non…

Toujours cette boule au ventre, toujours ce mal-être, toujours cette incompréhension. Je me suis posé au fond du puit et mon esprit qui demeure me dit que je suis malade d’émotivité. Est-ce que trop d’émotions est une maladie ? Drôle de pensée pour la raison qui toujours essaye de contrôler l’émotion.

Je fouille et je découvre le HPE, « haut potentiel émotionnel », qui pourrait donner une idée flatteuse par le terme de ce qui me ronge en réalité. Si je dis Haut potentiel de folie, cela donne-t-il de la hauteur à la folie ?

Dix points, dix réalités :

- le vécu de décalage avec les autres : c’est un problème pour beaucoup, cette impression d’être seul, de ne pas être à sa place…

- l’hypersensibilité émotionnelle : un état qui implique une armure, une protection, un comportement, car quand elle s’exprime, beaucoup de souffrance, trop de douleurs.

- le sens de la justice : La résilience, destructrice à long terme

- la pensée en arborescence : le petit vélo cérébral qui bondit de pensées en pensées sans que l’on puisse rebooter.

- l’empathie : Un plat de gourmet pour tous les profiteurs, manipulateurs et pervers narcissiques. On les attire, ils nous cherchent, parfois le contraire.

- La conscience de soi émotionnelle : qui conduit parfois à la folie.

- la pensée intuitive : La procrastination n’est que l’expression de soi

- la compréhension des messages non-verbaux : le radar émotionnel

- Le souhait de faire les choses aux mieux ou de mieux en mieux :

La perfection est parfois destructrice

- La capacité à motiver les autres : jusqu’à en oublier le « soi-même ».

 

Je pense qu’il n’y a pas de bonheur s’il en est, à revendiquer un état de potentialité, si celui-ci est souffrance. Je considère donc que le HPE représente soit les symptomatiques d’une maladie aliénante, soit d’un état normal dans un monde qui ne l’est pas. Ce qui revient à dire que le HPE est un inadapté dans notre société.

En fait on est toutes et tous des HPE en puissance...

 

Ne plus regarder les étoiles

« Au fond du puits, il arrive qu’on aperçoive les étoiles » proverbe grec

 

Lorsque tu es au fond du puits, tu ne lèves plus les yeux au ciel. Tu ne comprends déjà pas ce qui t’arrives, pourquoi tu te mets à pleurer sans raison. Il y a bien sûr une raison, comme le dit mon médecin lorsqu’il m’a trouvé au bord de l’abîme.

Tu ne peux cependant l’accepter, tu ne veux pas le dire, et moins l’entendre.

Tu as donné tout ce que tu pouvais donner pour continuer ce chemin, alors qu’il n’y plus vraiment de chemin. D’abord des ronces, puis de moins en moins de tracé, et enfin plus rien. Perdu dans cette voie, qui n’est en fait qu’un puit sous tes pieds et tu chutes. Plus tu avances, plus tu t’effondres.

 

Et au fond du puits, si ton esprit demeure, alors tu vas, à un moment donné, lever l’ombre d’un sourcil.

Cela ne se fait pas tout de suite. La profondeur du puits, son côté sombre, sont aussi ton propre enfermement. Toutes les étoiles sont éteintes dans ton cœur, toutes ces voix de ton entourage, leurs conseils et leurs soutiens, tu ne les entends pas, tu ne les captes même pas.

Le silence est parfois une douce mélopée.

Ce nœud qui étreint mon ventre, serrant mes « tripes » en permanence. Oppression d’un autre temps, lorsque j’étais très jeune.

Rien ne m’invite à vouloir sortir, ma souffrance demeure, le puit m’absorbe dans sa noirceur. Je ne creuse plus, les doigts ensanglantés d’émotions contradictoires. Je m’assieds et demeure prostré mentalement. Je sens une torpeur m’envahir. Lorsque je suis conscient, j’ai la bouche pâteuse, l’impression d’avoir pris des médicaments qui me rendent amorphes.

Je suis conscient que cette première pose décidée par mon médecin traitant ne soit pas accompagnée de médicaments abrutissants. J’ai déjà l’impression d’en prendre de par mon état psychique et mon comportement physique, je suis au ralenti.

Il m’arrive parfois de voir un reflet de lumière, de sentir la chaleur froide des étoiles. Il m’arrive de lever les yeux quelques secondes quand les voix m’appellent. Je n’aperçois aucune beauté du ciel dans le sommet du puit, et j’espère bien un jour prochain revoir les astres de l’univers.

 

Lorsque j’ai regardé « Nosso lar », j’étais déjà bien en profondeur. Cette belle histoire m’a aussi fait pleurée. Mes émotions exacerbées ne me demandaient plus l’autorisation pour s’exprimer, ou plutôt je ne pouvais plus cacher mon émotionnel.

Je n’ai pas vu le côté vivant de ce film de l’après vie, je n’ai vu que le côté sombre de l’histoire, particulièrement la guerre et toutes ses vies qui disparaissent.

Au fond du puit, je prends conscience que cela devient ma demeure. Lorsque je sors pendant cette période d’abstinence professionnelle, je ne supporte plus les autres, le mouvement, l’agressivité, leurs émotions visibles dans la façon dont ils se déplacent, ils s’habillent ou sur leur visage. Je ne supporte plus les villes, le bruit, les couleurs fades et les panneaux publicitaires. Je ne supporte plus les vastes étendues de bitumes, les lumières des phares, les arbres malades au bord des routes. Je ne supporte plus les champs de terre labourés, ces sillons qui me font penser à des plaies béantes sur le corps d’un être sans vie. Alors, paniqué, je ne souhaite qu’une chose, rentrer chez moi.

Je me sens protégé à la maison. J’arrive à éloigner ces enfers mentaux permanents. A l’idée de rencontrer du monde, j’ai une angoisse, un nœud stomacal violent, des larmes au coin des yeux.

J’ai abandonné mes peurs de ne pas pouvoir, car je ne peux plus.

Dans mon cocon de bois et de moellons, mon corps et comme mon mental dans son puit. Les deux se confondent et deviennent une protection mais aussi une prison.

Ma sœur m’a parlé de transformation profonde, elle qui a vécue, comme beaucoup d’autres d’ailleurs dans mon entourage, ce fond du puit.

Je n’en suis pas encore là, mais je suis las de vivre dans ce monde.

Le puit, ma maison, sont les seuls endroits où j’arrive encore à ne pas perdre la raison. Mon esprit le sait, il essaye de me maintenir. Mais je le considère fautif de cette situation. Il m’a enfermé dans sa propre prison mentale pendant tellement de temps, empêchant mon moi émotionnel de s’exprimer.

Pour cela il m’a modelé en petit soldat du meilleur des mondes dans lequel nous vivons. Travail, famille, maison, argent et mort.

Mettre le corps en dépendance annihile l’émotion. Il n’était pas seul pour œuvrer ma destruction, le code social de notre univers capitalistique est devenu le guide universel de l’humanité. 

Je me suis demandé si la volonté sur cette planète n’était pas de détruire l’émotion. Les êtres comme je le suis auraient-ils pu changer ce monde en un monde meilleur si on ne les astreignait pas ?

Certains profitent de ce que nous sommes. Nous nourrissons les pervers narcissiques et manipulateurs en tout genre, dans une culture aujourd’hui construite autour du nombrilisme absolu.

Dans ma maison, je peux m’isoler dans une inconscience somnolente. Cela me permet de ne pas devenir fou au fond du puits.

J’élimine le temps dans mon puits,

J’élimine mes impératifs matériels dans mon puits,

J’élimine ma conscience dans mon puits,

Je commence à m’y sentir protégé dans mon puits.

Mon esprit m’alerte et me demande de ne pas raisonner ainsi, au risque de ne jamais sortir, mais je ne gère plus vraiment. S’il le faut, je laisserai la folie m’embrasser dans sa torpeur rassurante.

Alors je me force à regarder à nouveau vers l’entrée du puit. Je vois mes proches et mes amis, ils me parlent de toutes les manières verbales et non verbales. Je ressens beaucoup d’amour pour eux, mais je me désintéresse et ne lutte plus contre mon enfer confortable.

Je crois que j’y suis, maintenant au fond du puit.

 

Révélation de la folie ordinaire

« La folie m’accompagne et jamais ne m’a trahie » (Jacques Higelin – Champagne-)

 

Enfin du silence. Abandonné, les réseaux sociaux, les informations google, et les absorbeurs d’émotions en tout genre (patrons, médias, faux-semblants).

Je ne garde en moi que mes soutiens indéfectibles qui malheureusement vivent ma souffrance que je ne veux pas partager. Dernier rempart contre la folie qui me guette, et me tend les bras.

Alors pour ne pas sombrer, tel Robinson Crusoé, je me trouve une occupation. Je me crée mon Vendredi. Mon moi-émotions qui écrit à mon moi-raison afin que de lui expliquer que cela ne peut continuer. Mon moi-émotion prend en otage mon moi-esprit, mon moi-raison doit apprendre à entendre et agir au risque dans le cas contraire de perdre l’esprit.

Nous sommes ternaires et non binaires. Le binaire est une invention de l’Humain qui soumet l’émotion à la raison.

Il y a toujours trois acteurs et non deux.

Dans le principe du yin et du yang, il n’y a pas deux forces mais bien trois : celui du yin qui représente la force passive et réceptrice, le yang qui est plutôt active et émettrice, et le qi qui est l’essence même de la force et de son mouvement permanent.

Dans un couple, la théorie du « 1+1 = 1 » ou « 3 » est tout aussi explicable. Soit dans le cas de deux personnes ayant leur personnalité en tant qu’être mais aussi une personnalité de couple qui leur est commune, ou mieux encore par la création de la vie.

Le chiffre 3 a une symbolique forte dans la pratique Feng Shui, en émotionnel dans la créativité et l’imagination.

Tout équilibre universel ne fonctionne naturellement que sur le principe ternaire.

Donc au fond de mon puits, nous sommes trois.

C’est un dialogue de sourd entre le moi émotionnel, le moi raison et le moi esprit.

Le moi raison essaye de rompre la vague de colère d’émotionnel. L’esprit lui, essaye de comprendre ce que veut exprimer émotionnel, tout en veillant à ce que raison ne se perde définitivement.

 

C’est à ce moment que du fond de mon puits maintenant devenu protecteur, je me perds en conjectures et en fatras de foutaises mentales inutiles.

 

En résumé, je ne me comprends plus. Le ternaire est la règle, mais l’Humain n’arrive pas à fonctionner sur trois plans. Il en élimine un, par défaut la raison ou l’émotion. S’il élimine l’esprit, il perd véritablement son âme, en fait, il devient dément.

 

Je me renferme dans un silence mental. Devenant un corps sans essence, je laisse la main à Emotion et invite les deux autres compères à se poser afin de traduire l’expression dudit Emotion et me sortir du trou.

Car enfin, dans ce jeu, le risque c’est que le corps en fasse les frais.

 

Je suis au fond de mon propre puits, à l’intérieur de mon âme, de mon esprit. J’essaye d’oublier la souffrance physique liée aux émotions, et la lancinante raison qui, en boucle, ne parvient plus à maitriser ces tempêtes successives.

 

Je m’enfonce encore plus, dans une noirceur démente, puis je me détache complètement, je choisis le silence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cri du silence

«… Mais mes paroles tombèrent telles des gouttes de pluie silencieuses,
Et résonnèrent dans les puits du silence…»
(Simon and Garfunkel –the sound of silence-)

 

Cela fait du bien. Même écrire est rompre le silence. Je mets donc des périodes où j’évite de me couper du monde, et d’autres où je retourne dans le silence réconfortant du puit.

Le silence mental est une douce musique. Apaisante, rassurante. Mon esprit demeurant limite les pensées, la raison ne lutte pas et les émotions s’expriment pleinement.

 

Etre en contact avec les autres devient compliqué. J’essaye d’éviter de sortir là où se trouvent d’autres personnes. Je n’ai pas annulé ce qui était prévu, mais passer une soirée même avec des amis qui, avec cette incompréhension cruelle, ne se rendent pas compte de la souffrance que procure la simple question « comment vas-tu ? ».

 

Alors le silence n’est pas une agonie plongeante d’une dépression, mais aussi une douche rafraichissante soulageant le feu émotionnel. Pas seulement celui de l’extérieur, mais aussi un silence intérieur, un silence mental.

Il m’est très dur de répondre aux questions, de discuter. C’est un effort constant. Même le rire qu’on m’arrache n’apporte pas le soulagement physique qu’on lui prétend. Le nœud demeure ancré dans son ventre, me rappelant au désordre de ces tempêtes émotionnelles.

Mais le silence apporte l’angoisse. Depuis peu, je ressens lorsque j’essaye de sortir du puit, des bouffées d’angoisse. Se traduisant pas de fortes difficultés à respirer, et des moments qui s’ensuivent de panique. Une autre arme de mes émotions pour me prévenir de ce qui risque de m’arriver si je n’entends toujours pas.

J’envisage de mettre fin à tout cela. Des pensées m’obligent à croire que dans la fin je trouverai la paix. Mais mon esprit demeure, il me maintient encore dans une envie de retrouver la joie de vivre.

 

Du fond de mon trou, je vis l’angoisse d’être obligé dans sortir. Mon médecin me dit que cela viendra en son temps, qu’une dépression doit prendre le temps de s’exprimer pour enfin permettre d’aller mieux.

Le silence n’est pas forcément une solution, mais il permet d’autres possibilités comme de pouvoir enfin lever la tête, voir les étoiles et enfin, peut-être, trouver l’énergie nécessaire afin de prendre les premières prises de l’ascension.

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