LE REVELE

-          Raconte nous l’histoire du prophète des étoiles…

 

Le conteur s’était déjà affranchi d’histoires et de contes des époques reculées. Il ne souhaitait désormais que se satisfaire des plats que les villageois lui avaient préparés pour le remercier.

La marche avait été longue jusqu’au bourg, et les loups de plus en plus nombreux dans ses forêts. Certes, il n’a jamais été attaqué par ceux-ci, le gibier était suffisant pour les prédateurs naturels comme pour les chasseurs, mais le climat d’hiver s’annonçant particulièrement rude cette année…

-          Raconte-nous l’histoire du 1er révélé…

Le  problème des enfants, c’est qu’ils ne sont jamais rassasiés. Il pouvait comprendre, le soir au coin du feu de la maison commune, il était parfois difficile de ne pas s’ennuyer. Il avait vu passer les troubadours, cet après-midi, dans leur chariot tiré par d’énormes chevaux.

Les villageois étaient prudents, il existait encore des fratries composées d’hommes et de femmes persuadés que la vie d’avant pouvait revenir. Souvent armés, ils attaquaient les villages et dévastaient les granges de nourriture. D’autres tels des gourous venaient proférer des serments afin d’enrôler les hommes libres pour en faire des esclaves et les femmes des génitrices.

-          S’il te plait…raconte-nous…

Tristan, de guerre lasse, finit sa soupe, chaude et épaisse, et se retourna vers ces enfants qui le regardaient avec insistance oppressante, supplique silencieuse et culpabilisante.

Au loin les forêts et les étoiles, qui s’exprimaient désormais sans gêne de lumières des grandes villes, plus proche les murs construits par les villageois qui entouraient ces habitations. Au centre, tel un village viking, le grand bâtiment, la maison commune pour les repas et les manifestations. Tout autour du village, des champs cultivés, un parc avec des vaches, chèvres et moutons, et les chevaux, dont les troupeaux sauvages étaient désormais légions.

Les chiens, éternels amis des hommes, dont une grande partie était redevenu sauvage, mais toujours présents comme des protecteurs naturels. Combien d’histoires rapportées de chiens sauvages attaquant des loups qui s’en prenaient aux voyageurs. Le frère de Tristan était un dresseur de chiens. Resté dans son village natal, près du grand océan, il en était désormais le bourgmestre, et orchestrait le rythme de vie accompagné de son équipe. A ses heures perdues, il recueillait des jeunes chiens qu’il éduquait afin qu’ils puissent vivre avec les Hommes. Il avait même soigné et élevé un louveteau qu’il avait baptisé Thor, qui était désormais un membre de la famille.

Tristan sourit aux enfants, et leur demanda de faire un cercle autour du feu :*

-          L’histoire est longue les enfants, je m’en vais vous la conter, je crois que les étoiles seront couchées que nous n’aurons pas fini. Le souhaitez-vous ?

Les parents s’agglutinèrent soudainement et répondirent d’une seule voix :

-          Nous serons présents aussi !

Tristan secoua la tête, il se doutait qu’il était parti pour une longue veillée.

 

1-      Le monde d’avant

 

-          Avant, commença le conteur, le monde n’était pas ainsi. Les géants ont fait place aux Hommes. Ceux-ci se sont développés sur notre planète pendant des lunes et des lunes. Tantôt ils se combattaient, pour prendre les biens des autres, tantôt ils vivaient de longues périodes de paix pendant lesquelles ils grandissaient et croissaient. Ils ont eu des peurs, des Dieux, multiples, ou uniques, des prophètes, des croyances et des non-croyances.

Pendant des milliers et des milliers de lunes, ils ont évolué en cycle de conflits et déconstruction et de reconstruction. Mais toujours ils augmentaient en nombre et prenaient de plus en plus de place dans cet univers.

Les diverses civilisations ont apporté des savoirs, des beautés d’arts et de construction, des belles histoires avec des héros et des sages.

La dernière que nous connaissons est celle de l’apogée. Une longue période de paix après deux longues guerres pour des raisons qui semblent si obscures maintenant. Les habitants de ce cycle avaient privilégié la machine. Ainsi, tout était organisé autour de celle-ci, tant la communication que les échanges commerciaux ou la création.

Les Hommes étaient soit dans l’ignorance soit au centre de la machine. L’individualisme de chacun prôné au nom d’un tout collectif au bénéfice d’un petit nombre, et au détriment du reste.

Ce n’est pas surprenant, puisque cette construction sociale était cultivée depuis des siècles par les civilisations successives.

 

Ce qui était prévisible arriva : d’un côté une population croissante, et de l’autre un monde qui ne peut répondre, sans se remettre en question sur ses fondamentaux. Les êtres humains qui vivaient sur ce monde commencèrent à se rebeller, à contester.

Alors les puissants se réunirent afin de restructurer ce monde. Sous la bannière de couleur blanche, ils organisèrent un plan de grande envergure pour cela.

Alors vint le vert de la maladie. Sous cette couleur des millions de personnes moururent sur la terre, d’un virus qui pourtant existe depuis des milliers de lunes. Il est probable que les représentants de la bannière blanche ne soient pas étrangers à cela.

Puis vint le temps des guerres, d’abord locales puis plus importantes, le rouge du sang des hommes imprégna la terre sur tous les continents. Il n’est pas improbable que la bannière blanche ne soit pas étrangère à cela.

Et la nourriture vint à manquer, et l’énergie vint à manquer, et avec le noir des nuits sans lumière,  la misère frappa sur les populations.

Il semble que les puissants ont déclenché cela.

Alors s’ensuivit dans les mondes peuplés un effondrement économique et des conflits d’abord locaux puis mondiaux.

Ainsi les mondes prospères se retrouvèrent dans une phase d’austérité qu’ils ne connaissaient plus depuis longtemps et les mondes encore en voie de développement, et dépendant de la consommation de ces pays développés s’effondrèrent à leur tour.

 

Dans ce monde chaotique, alors que les peuples se perdaient dans des conflits, des doutes et de la peur, à l’aube d’une fin de civilisation, le ciel s’est ouvert.

 

Tristan s’arrête, car cette partie de l’histoire des anciens hommes est très compliquée quand vous vivez dans le monde d’aujourd’hui. Certains ont entendu ce conte de l’avant, de leurs parents qui le transmettaient de leurs parents d’avant.

Cela a toujours été compliqué à expliquer comment en à peine 20 lunes une civilisation entière s’est effondrée. Comment depuis plus de 1000 lunes les ruines que l’on voit sont inhabitées, ou du moins squattées par des gourous qui prêchent le retour à ce monde d’avant.

 

2-      Le soleil

-          Les enfants, on continue ?

-          Oui, oui raconte nous quand le ciel s’est ouvert !

Tristan prit un verre d’eau, et se leva pour se dégourdir les jambes. Après une pause nécessaire, celui-ci se rassit devant le feu, leva le ciel vers les étoiles. Son âme, aspirée dans le néant stellaire, flottant dans les limbes de l’espace, à la recherche des grains de poussière que notre astre lunaire aurait déposé, tel le marchand de sables.

Avec un peu de chance, songea Tristan, les enfants en ressentiront les effets et pourront ainsi enfin dormir. Un sourire au coin des lèvres, tel le rictus du conteur, Tristan allait commencer à transmettre le voile d’espoir après ce préambule affligeant de tristesse.

-          Le ciel s’est ouvert.

Lorsque les hommes levèrent le ciel pour voir cette lumière éclatante, ils ne comprirent pas ce qui arriva. L’attaque fut foudroyante et d’une rapidité impressionnante. Les objets volants s’écrasèrent, emportant leurs passagers dans une mort certaine, les objets roulants s’arrêtèrent, occasionnant des accidents pour certains. Toutes le machines ne fonctionnant pas de manière simplement mécanique grillèrent et de la foudre circulait sur ce monde.

 

C’est ce que les savants de l’époque nommaient une éruption solaire. Touchant le champ magnétique avec une puissance peu commune, le soleil balayera à tout jamais ce que les hommes avaient créé. Et ce fut ainsi la fin de l’ère de la machine électronique.

Les dirigeants de la terre n’avaient pas prévu cela. Bloqués à des distances les uns des autres, sans pouvoir communiquer, alors que le monde des hommes était déjà dans une situation des plus désastreuses, les violences prirent une ampleur démesurée.

 

Le soleil avait vaincu l’humanité en une fraction de seconde. Un homme et un seul, au milieu de la tempête fut foudroyé par l’astre flamboyant. Mais il ne mourut pas.

Les humains qui l’entouraient ont vu la foudre s’abattre sur lui, ils ont senti la décharge électrique et leurs poils s’hérisser. Ils l’ont vu rayonnant de chaleur s’écrouler de souffrance.

 

Puis vint la grande éclipse, inexplicablement la lune se figea sur le soleil, et la nuit enveloppa la terre. Le froid vint et un souffle divin balaya la planète. Le feu qui consumait l’homme frappé à terre s’éteignit immédiatement, et la poussière de la terre recouvrit le corps brulé.

 Puis vint le silence, et celui-ci se redressa. Son corps marqué, brulé. Son visage noirci et ses cheveux brulés. Et lorsqu’il ouvrit les paupières, ses yeux avaient pris la couleur de celui qui ne voit plus.


La bouche boursouflée, et remplie de poussière, il ne pouvait plus parler.

Mais, dirent les passants d’hier et disciples ensuite, il les regardait, puis il leur parla sans bouger les lèvres, et les disciples devinrent les messagers, rapportant la voie des étoiles que l’homme leur a transmis.

Et c’est ainsi que le prophète des étoiles est né, embrasé par le soleil, refroidi par l’astre lunaire et protégé par GAIA.

Le conteur regarde les enfants. Endormis tels des anges, sous la toile étoilée du grand univers.


3- La réalité du conteur


Naturellement, songe-t-il, la vérité est tout autre. Le prophète des étoiles n’était qu’un homme parmi tant d’autres. Il n’y a pas eu un guide lors de la grande guerre mais des milliers, des millions. 

Des personnes qui étaient alors endormies, et qui se sont réveillées, entrainant derrière elles une vague de changement qui mit fin à l’obscurantisme programmé des hommes politiques et puissants. 

Et lorsque le tsunami social a frappé le monde programmé, la fin du consumérisme et le refus de suivre les manipulateurs du chaos entraîna l'effondrement de ce monde voué à l'obsolescence programmée. Et pour une fois, ce ne sont pas des ruines d'un monde ancien que se reconstruisit l'univers des hommes d'aujourd'hui, mais bien de la volonté d'autre chose. Les guides étaient là, apportant leur lumière d’une nouvelle voie, d'un monde nouveau.

Loué soit les NV pensa le visiteur du soir.

(*) NV : référence aux Non vaccinés (es) qui furent les premiers lanceurs d’alerte dans les années 2020, à l’origine de refus du « monde programmé ». Morningstar ou la vérité biblique (socialstorming 2024).


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