L’impermanence de la Mort

 

« …dans notre société matérialiste, nous n’accordons pas la même importance à la traversée vers l’au-delà. Parce que l’on ne peut en mesurer les impacts après coup, on présume qu’il n’y en a pas. » Sylvie Ouellet

 « Cette mort que l’on dit éternel »

Depuis l’origine de son humanité, l’homme refuse sa destinée. Sa première destinée, c'est-à-dire naitre, grandir, vieillir puis mourir. Le rythme du temps, ce tic-tac incessant qui nous poursuit dès notre premier vagissement, nous l’entendons certes, mais nous n’en voulons pas. Alors, nous avons recherché des fontaines de jouvence, nous avons créé des êtres fantastiques immortels, et nous avons développé un combat violent contre notre extinction naturelle. Ce qui est paradoxal, c’est qu’au même moment nous avons une propension forte à nous entretuer.

La durée de notre existence terrestre est inscrite dans nos gênes dès notre naissance, et rien n’y fera changer. Certes la science se voulant vaincre toutes les barrières permet déjà de ralentir les effets du vieillissement des cellules et de paraître plus jeune, plus longtemps. Mais même si demain l’homme vit plusieurs dizaines d’années qu’aujourd’hui, la fin de sa chair est déjà codée lorsqu’il s’éveille sur notre planète.

Il y a quand même une piste que la science d’aujourd’hui ne fréquente pas, et que d’autres empruntent, tâtonnant encore dans les méandres d’une multitude de concepts plus ou moins farfelus. Mais l’on sait tous que le savoir commence par le tâtonnement, l’échafaudage de théories discutables, mais issu cependant d’une observation.

Et avant cela, depuis longtemps déjà dans l’histoire de l’humanité, développé par les courants théosophiques, un concept établi que la vie pourrait être aussi non « terrestre ». Je reprends le principe de l’âme, de la survivance de l’esprit, ou des principes de réincarnation prisés par les bouddhistes tibétains.

Et si, car dans toutes pensées le doute subsiste, l’homme n’avait pas su appréhender le principe de la vie immatérielle. A force de vouloir tout expliquer par un dogme, une sacro-sainte vérité, la science a laissé en pâture aux gourous en tout genre le fait que nous puissions ne pas mourir tout simplement.

Le scientifique considère que la mort c’est la fin du mouvement, et la dégradation de la matière que compose le corps désormais inerte. L’inertie serait donc la fin de la vie ?

Le corps est composé de matière et d’énergie. Tous les êtres composant notre univers sont un assemblage de matière générant de l’énergie, animal, végétal ou minéral. Le caillou génère à sa manière de l’énergie, même si celui-ci est inerte.

Lorsque la matière se dégrade, quel qu’en soit la raison, l’énergie s’amenuise jusqu’à disparaître.

Dès lors, certains diront « c’est fini, lorsque le mouvement cesse, l’énergie cesse ». C’est effectivement un constat de départ.

D’autres diront « la matière disparaît, l’énergie se transforme ». C’est aussi un constat de départ.

Nous pouvons naturellement reconnaître que la matière privée d’énergie n’a plus d’essence de vie.

Même nos mécaniques ne fonctionnent pas avec un carburant générant de l’énergie.

Il est donc simpliste de penser que si l’énergie subsiste, la matière continue un cycle d’existence. Et qu’à partir du moment où nous pouvons maintenir l’énergie, nous pouvons continuer le mouvement et donc la vie !

Mais un autre problème se profile dans ces pensées hasardeuses, c’est : qu’en est-il de la matière ?

Car combien même je maintiendrais l’énergie, la matière elle vieillit pour ne plus être fonctionnelle !

Le principe scientifique de maintenir la matière en état, au même titre que toute construction humaine, d’un pantalon, une voiture ou une maison est limité dans le temps. Il en va de même pour la matière en général, selon des dimensions temporelles parfois difficilement imaginables pour l’homme puisque s’affichant jusqu’à des milliards d’années.

L’homme s’est  naturellement figé dans le temps en créant un moyen de le mesurer. La première règle de mesure étant le soleil. En partant d’un jour-nuit, nous sommes passés ensuite à un matin-midi-soir pour aller jusqu’à la mesure du temps telle que nous le connaissons aujourd’hui. En fait, le temps, la durée reste une donnée incertaine et une nécessité relative.

A  l’origine donc, il n’est pas certain que nous dormions la nuit et vivions le jour,  tel que nous l’appliquons aujourd’hui. Mais la nature nous a voulu diurne, nous n’avons aucune caractéristique certifiant une capacité nocturne.

On peut donc  supposer que nous attendions que le jour revienne afin de continuer nos activités exclusivement consacrées à la nourriture et à la survie de notre espèce.

Comme tout mammifère, nous dormions autant le jour que la nuit, et nous pouvons facilement envisager que notre rythme biologique n’était pas consacré à une activité de 18 heures de réveil pour 6 heures moyennes de sommeil, mais bien une répartition post digestive et selon les besoins du moment.

Nous ne mangions pas à midi, mais quand la faim se faisait ressentir, et probablement quand la nourriture était trouvée, dans un premier temps l’homme nomade ne faisait pas plus de réserve que cela.

Autre mesure naturelle de temps, la naissance à la mort. Ce concept n’existait pas à l’origine, je ne pense pas que l’homme se souciait de savoir quand il allait mourir, et ce qu’il lui restait théoriquement en existence.

Les êtres vivant autour de nous ne se posent pas la question, ils vivent l’instant présent, le carpe diem énoncé par tous aujourd’hui, semblant de résistance à la  règle chronologique excessive que nous subissons.

Ce qu’il faut prendre conscience dans tout cela, c’est que notre manière de mesurer et d’imposer un rythme temporel est en opposition avec notre propre réalité physique. Ce comportement imposé dès la naissance, comme le biberon tous les deux heures minimum pour un nourrisson est un renforcement négatif.

L’homme a créé sa première prison en mettant en place ce principe de vie exclusivement figé par le son du tic-tac.

Et la seule solution pour retrouver sa naturalité temporelle, c’est de se mettre dans une pièce nue, éclairée faiblement, sans éléments d’aucune sorte permettant de visualiser le temps, et de laisser l’esprit et le corps se remettre en ordre.

Lorsqu’un jeun est mis en place, il  n’est pas rare de voir la personne changer non seulement son alimentation, mais aussi la manière de consommer dans la journée, privilégiant plusieurs portions dans la journée plutôt que trois réparties matin-midi-soir.

Lorsqu’une personne décide de s’isoler en méditation, il  n’est pas rare de voir celle-ci adopter un rythme de sommeil différent et réparti toute la journée.

L’équilibre n’est donc défini que par la capacité de chacun de restaurer son véritable rythme biologique.

Nous vieillissons, notre corps s’use et notre esprit aussi. Nous ne sommes pas intellectuellement en même capacité à 20 et à 80 ans.

La question est donc de savoir si l’esprit survit au corps alors qu’il vieillit lui aussi…

L’impermanence de l’âme, sujet à réflexion. Et si l’âme était elle aussi inscrite dans le temps dont nous avons fixé la mesure.

L’existence elle-même se mesure en mouvement et donc on peut supposer que la non-existence n’est pas mobile.

L’erreur de l’homme est de croire que tout à son contraire : grand-petit, bon-mauvais, vie-mort ou encore matière-non matière. C’est un raisonnement facile et non fondé dans certaines philosophies asiatiques, où l’on constate plutôt le principe de complément.

Le  concept du yin et le yang par exemple représente deux  aspects qui sont indissociables et dont l’équilibre se fait par l’ajustement de l’un en fonction  de l’autre.

ON peut dès lors supposer que les contraires sont donc plus ressemblants qu’opposés. La mort devient alors non pas une fin mais une autre vision de vie, un complément essentiel à l’existence elle-même.

La mort crée la vie, réellement. Chaque matière qui disparaît permet la création d’une autre vie par ce qu’elle laisse. Les gênes sont l’histoire de soi. Le corps est la matière dont le temps use la consistance afin de l’adapter à son but futur. Qu’en est-il de la non-matière, l’essence même chère à l’homme.

Deux hypothèses à cela : elle survit ou elle disparaît.

La matière soutient la  non-matière,  et donc l’on peut considérer que la fin de la matière amène à la fin de l’esprit. C’est un raisonnement logique qui a sa place. Les partisans de la vie après la mort soutiendront soit que ce n’est pas écrit ainsi, soit que d’aucuns seraient allé au-delà de leur corps physiques, la mort éminente.

J’entends pour m’attarder sur le concept évoqué des personnes dont la mort pendant un laps de temps relativement court que cette phase était réellement une mort physique totale. Je ne peux croire que l’esprit survit à son corps dans ce cas que par Lazare dont il est dit qu’il  était mort depuis plusieurs jours et que je caveau sentait le cadavre.

Donc je considère que le concept de la mort éminente n’est pas une réponse fiable à la survivance de l’esprit sur le corps.

Intéressons-nous aussi au voyage astral. On sait depuis longtemps que les moines tibétains pratiquent cet art. Il est cependant difficilement prouvé que cet art est réel.

L’esprit est un fonctionnement abstrait de la matière ; la pensée est impalpable et intangible. Chaque être vivant a un degré de conscience non évaluable et surprenant. On pourrait même dire que l’egosophie est un concept novateur.

Pourtant les prophètes, philosophes et libres penseurs ont développé le principe de la vie. Les chamans reconnaissent la vie  dans chaque être animal,  végétal ou minéral, dans son unité et dans son ensemble.

Et que trouvons-nous dans cet ensemble ? L’énergie !

L’Energie est un tout, c’est le moteur et l’être lui-même. Le conducteur et l’acteur. L’Energie se transforme, mais ne disparaît pas. Elle peut être unitaire, comme globale.

La mort serait alors impermanente. C’est un moment où l’énergie se sépare de la matière. Il appartient à chacun de  préparer ce moment afin de prendre conscience lors de cette séparation de ce qu’il serait post mortem, passant de l’être de matière à celui de lumière.

N’est-ce pas comme cela que l’on représente les anges ou les prophètes ressuscités ?

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