L’autosuggestion et l’intuition

 

« L’intuition est la forme la plus élevée d’intelligence » (Albert Einstein)

 

 

Les groupes sociaux ont tous leur lot de manipulation et de mensonges. Le totem présenté comme à l’origine des grands désastres est toujours le même : la bienveillance. Ce mot est à la mode au 21^ème siècle, dans son apparat de protecteur de toute nuisance et son contraire la malveillance.

Définition (dictionnaire Français) : vient de benevolens qui signifie en latin vouloir du bien.  Capacité à se montrer indulgent, gentil et attentionné envers autrui d’une manière désintéressée et compréhensive.

On trouve d’ailleurs un proche latin, benevolus : étymologie de bénévole, volontaire, qui fait des choses sans y être tenu et parce qu’il le veut bien.

Si on prend chaque adjectif et qualificatif de la définition bienveillance avec leur définition respective on trouve ces informations suivantes :

Indulgent : une certaine tolérance, une capacité à faire preuve de clémence.

Gentil : agréable, charmant sympathique, attentionné

Désintéressée : qui n’est pas préoccupé pas son intérêt personnel, qui n’agit pas par intérêt

Compréhensive : qui peut comprendre autrui, qui fait preuve d’indulgence, de bienveillance.

 

C’est une suggestion puissante qui nous est répétée depuis quelques temps et qui se marie excessivement bien avec la situation sanitaire actuelle.

 

Test : allongez-vous ou mettez-vous dans une position qui vous convient en relaxation. Laissez s’évader les pensées toxiques, et réfléchissez au nom « bienveillance », écouter le sonner dans votre esprit, ressentez le, et imaginez le dans votre quotidien.

 

Puis recherchez un autre mot qui vous semble plus approprié.

 

Définition de la bonté : disposition à être bienveillant, compatissant, charitable.

 

Peut-être allez-vous ressentir dans « bonté » plus de sincérité et une humilité que l’on ne semble pas percevoir dans le mot bienveillant.

La bienveillance a un sens qui peut laisser entrevoir une disposition gênante : « faire preuve de clémence » comme pouvait le faire les empereurs romains dans les arènes, car la définition littéraire (dictionnaire)  de « clémence » : Vertu qui consiste, de la part de qui dispose d'une autorité, à pardonner les offenses et à adoucir les châtiments.

 

L’incidence du vocabulaire est donc aussi importante dans la psychanalyse en matière d’inconscient comme cela l’a été démontré dans toutes les mouvances mais aussi en matière bien conscientisée par l’être humain en général.

 

Il est en effet aisé à notre époque d’amener le groupe vers un choix décidé sans concertation et ainsi d’éviter le recul de pensée qui amènera à la prise de conscience.

La richesse dans la construction d’un groupe est l’échange de point de vue et de visions divergentes. Les structures de communication ont pourtant bien compris que l’homme est un produit final de consommation, et qu’à ce titre il est nécessaire de ne pas lui faire prendre de recul.

On privilégie l’intuitif à l’instinctif. Les raisons seraient que l’intuitif est manipulable alors que l’instinctif ne l’est pas. L’intuition amène à une direction de choix et fait appel à la pré-conscience alors que l’instinctif n’est pas issu de la conscience mais émane de l’inconscience vers la conscience par une réaction physique ou/et émotionnelle.

Dès lors, en assemblant un langage non verbal (corporel, visuel, olfactif et auditif) à un vocabulaire, les maitres de la communication ont créé une solution imparable à soumettre à leur ambition et à leur volonté.

Le son amène un apaisement ou un attrait intuitif, l’image doit concrétiser une confiance ou un désir intuitif, le corporel est un message miroir, tant dans ce qu’intuitivement on est que dans ce qu’on désir être.

Le vocabulaire proprement dit est le message « subliminal » final.

Prenons l’exemple de notre situation sanitaire actuelle : mars 2020, les termes « nous sommes en guerre », « se battre », « gagner » ou « stratégie », « première ligne » etc… ont amené l’ensemble de la population Française, avec une histoire de guerres et de conflits plutôt conséquents, a une mobilisation. C’est ce que l’on peut nommer l’intuition programmée. 

L’intuition programmée est sociale, résultante du groupe. Elle réagit dès lors qu’un signal évoque l’enseignement du groupe, et de l’histoire même de la personne.

Une intuition programmée est utilisée par le manipulateur, qu’il va chercher dans sa victime par l’utilisation d’un ensemble d’actions verbales et non verbales afin de la faire interagir. C’est aussi l’outil d’autosuggestion du groupe puisque l’ensemble des personnes le composant ont cette intuition programmée en pré-conscience.

L’intuition programmée est une veille qui oscille entre l’inconscient et le conscient. La pré-conscience échappe à l’inconscience comme à la conscience, il est le fantôme psychique mais par conséquent le plus facile à la stimulation. Le phénomène d’hallucination collective est lié à l’intuition programmée, comme toute manifestation d’un groupe.

 

L’intuition programmée s’oppose en tout point à l’intuition instinctive. L’instinct est une construction défensive qui trouve ses racines dans l’inconscient profond et cellulaire de l’être vivant. L’instinct est lié intrinsèquement à l’acte de vie (et donc de mort). Il va répondre immédiatement à une information interne et externe. Se nourrir est la résultante d’une information interne par exemple, se défendre est une résultante externe.

L’intuition instinctive est aussi une autre forme de conscience cellulaire. Le corps réagit dans un premier temps de manière instinctive face à la maladie. Il applique intuitivement et immédiatement une réponse qui peut parfois être incompris par la médecine moderne.

L’intuition instinctive est un médian entre l’instinct naturel et l’intuition programmée. Elle est individuelle et réactive. Elle est quantique dans le sens où l’inconscient et le conscient vont s’activer immédiatement sans qu’il y ait d’évolution de l’un vers l’autre.

L’intuition instinctive est plus difficilement influençable par l’extérieur car elle donne l’impression d’être irraisonnée alors qu’elle est consciente.

Du fait de son instabilité relative, l’intuition instinctive est contrôlable par la suggestion et non l’autosuggestion. L’hypnose et la manipulation individuelle sont des moyens d’influence.

Lorsque l’intuition programmée s’efface, par la prise de conscience et le doute, ce sera sur cette intuition que le manipulateur ou l’influenceur exercera sa prise afin de maintenir le sujet en contrôle.

Les outils seront choisis afin de se rapprocher au mieux du sujet, le vocabulaire adapté et le corporel mimétique.

L’intuition instinctive et programmée sont interconnectées et peuvent passer de l’une à l’autre. Dès lors que l’individu est repris en main, il sera ramené au groupe et donc soumis à l’intuition programmée.

 

L’intuition libre est la troisième variante de l’intuition générale. Elle est issue de l’ensemble des savoirs inconscients émanant de l’intuition programmée et de l’instinct auquel se rajoute l’expérience conscientisée de situations antérieures analysées.

Elle se nourrit donc des expériences inconscientes et conscientes afin de permettre l’expression libre du ressenti intuitif. Elle n’est ni contrôlable, ni influençable et échappe au contrôle externe. C’est cette intuition qui permet à l’être vivant animal, végétal ou minéral de pouvoir évoluer en symbiose avec son environnement. C’est aussi cette intuition qui offre une opportunité supplémentaire à la capacité d’adaptation de chaque être vivant. L’autosuggestion et l’hypnose n’ont aucune prise sur l’intuition libre. Si l’on reprend Albert Einstein, L’intuition est bien la forme la plus élevée d’intelligence, et c’est pour cela qu’elle doit rester libre.