Les doubles esprits : la dualité unifiée
En hébreu homme se
dit ish et
femme isha. Celui que
la Bible nomme Adam n’est
pas l’homme en tant que représentant mâle de l’espèce humaine, c’est un tout.
« Elohîm crée
le glébeux à sa réplique, à la réplique d'Elohîm, il le crée, mâle et femelle,
il les crée »
Berechit
(Genèse)1:27 Bible Chouraqui
La guerre des sexes date de longtemps. Même les
évolutionnistes tels que Darwin entendait clairement que la femme était
inférieure à l’homme, « que les mâles étaient plus avancées selon
l’évolution que les femelles » (selon Kelves, 1968:8). L’époque des « gentlemen » fut
assurément un pur moment de solitude pour la gente féminine dans un monde
phallocratique.
On peut reprendre notre machine à voyager dans le
temps, rien n’y fait. On doit tout d’abord dépasser le christianisme, fléau
assuré pour la femme, pécheresse et tentatrice. Dans l’antiquité, chez les
Romains, le culte de la force et du masculin est de mise, les femmes ont une
indépendance limitée dans une société patriarcale. Chez les grecs, la situation
de la femme est encore pire car pendant un long laps de l’histoire grec, elle
n’est même pas citoyenne !
Mais, si nous remontons à nos origines,
chasseurs-cueilleurs de notre préhistoire, tout pousse à démontrer que cette
structure sociale était réellement égalitaire ! Une étude dirigée par un
anthropologue de Londres, Mark Dyble, confirme que c’est par l’émergence de
l’agriculture et de l’accumulation des ressources que les inégalités ont
démarrées (1).
Mais plutôt que démontrer que la femme est (bien
entendu) l’égale en tout point de l’homme, projetons nous dans une autre
réalité qui serait que l’homme et la femme ne serait qu’un. C’est bien le
principe initial et fondamental de la bible, non ? Puisque Adam est à
l’origine plus qu’un androgyne mais bien un assemblage des deux, pourquoi chacun
rejette ce qu’il a en son sein, à savoir l’autre sexe.
Lorsque nous naissons, le critère se fait sur un
visuel : « c’est un garçon, c’est une fille !) nous dit le
médecin ou la sage-femme au terme des neuf mois, ou lors de l’échographie. Donc
la définition à la naissance de mes droits et positionnement social est
clairement établie. Un vrai cauchemar ! Et si moi, garçon, je veux avoir
des enfants ? pas possible ? d’accord, je n’ai pas cette capacité.
Mais si je veux jouer à la poupée, vivre mes émotions, ne pas faire la guerre,
ne pas me battre, pouvoir me maquiller pour me plaire et plaire tout
simplement, porter des vêtements autres que des deux pièces représentant mon « armure »,
m’épiler le corps parce que je ne veux pas de poils, porter une robe quand j’en
ai envie, aimer un homme, une femme, les deux….quoi ! Pas normal dans
notre société !! Et si moi fille je veux avoir les cheveux courts, me
battre et picoler le soir avec les copains et les copines sans être considérée
comme « déviante sexuelle ». Avoir un même salaire pour un même
travail sans être obligée de séduire mon supérieur (et plus…), avoir une vie
débridée, sans être salie par mes proches ou la presse, ne pas être obligée de
cacher mes cheveux, mon visage. Avoir le rôle suprême de nettoyer derrière le « mâle »
et sa progéniture, avec le doux réconfort du titre de « gardienne des
traditions », ce qui ne m’empêche pas d’ailleurs de me faire « corriger »
si je me permets de me plaindre…effectivement, en fonction du lieu de
naissance, on peut remercier de naître avec des attributs masculins, et de
cacher au mieux pour les garçons sa féminité spirituelle.
Mais, cette différence, c’est bien une création qui
remonte à un changement de comportement. Dès lors que l’homme s’est
sédentarisé, il a progressivement dévolu un rôle de « femme au foyer ».
Puis la dépendance alimentaire et le besoin de protection a renforcé une
situation de dominant-dominé.
C’est l’hypothèse que l’on peut faire. Sachant que
si on regarde nos dernières tribus primitives, en Amazonie par exemple, ou la
cueillette et la chasse sont de mise, l’équilibre est plus présent entre les
genres.
Tel Platon dans le banquet évoquant le
mythe de l’androgyne, il y a assurément depuis très longtemps d’autres genres :
« jadis notre nature n’était pas ce qu’elle est à présent, elle était bien
différente », nous dit le philosophe, et il précise : « d’abord
il y avait trois espèces d’hommes et non deux, comme aujourd’hui : le
mâle, la femelle, et outre ces deux, la
une troisième composée des deux autres », précisant que l’espèce se nomme
androgyne et qu’elle a disparu.
Dans certaines civilisations récentes,
le principe de l’androgyne ou troisième sexe est bien présent, comme en Inde
avec les Hijas qui refusent l’appellation homme ou femme, ou les Raerae de Polynésie. (Source 3eme sexe Wikipédia).
Mais l’exemple de civilisation la plus
clairvoyante fut celle des amérindiens avec leur vision non binaire du genre,
puisqu’ils en distinguaient cinq (2). Le concept des « deux
esprits« est d’autant plus admirable que l’on considérait que c’était un
aboutissement de l’humain.
Imaginons un monde où cette culture s’est
développée pour devenir un mode de vie :
Dans ce monde, il n’y a aucune
démonstration de différence entre les hommes et les femmes. Lorsque je suis
venu au monde, je n’étais ni homme, ni femme. Ne croyez pas pour autant que je
ne porte pas un attribut de l’un ou de l’autre sexe, mais il m’appartiendra de
le garder ou d’en changer sans que cela ne choque personne. Nous les enfants,
on joue et on s’amuse ensemble sans distinction. Nos vêtements n’ont aucune
caractéristique à l’enfance qui démontrerait que nous sommes un genre
spécifique. Il n’y a aucune définition, ni mot, ni nom dans notre langage qui
préciserait que je suis une fille ou un garçon. Je choisi que ce que je veux
porter, et ce à quoi je veux ressembler, mais sans appartenance à un genre. Je
suis ce que j’apporte au groupe social, par mes compétences et mes qualités
humaines.
Je suis les deux, ma masculinité est
en adéquation avec ma féminité. Je peux choisir d’être physiquement plus
garçon, ou plus fille ou les deux. Je suis un « homo-saphien »(3),
dernier parcours de mes ancêtres vers une unité spirituelle. Dans mon monde,
nous pouvons vivre avec entre hommes, entre femmes ou encore hommes et femmes,
sachant que ce concept n’existe plus pour nous depuis longtemps.
Notre organisation sociale fonctionne
sans règle de genre. Certes certains « homo-saphiens » portent la vie
et d’autres non, mais dans ce monde, c’est un choix de faire et non de genre.
Il peut y avoir d’autres hiérarchisations,
par la capacité de compréhension ou les talents particuliers, mais l’activité
du groupe n’est pas segmentée de manière patriarcale ou matriarcale.
Pour les doubles-esprits, il n’y a
équilibre et constance que par la compréhension des deux parties homme et femme
recomposées. Dans notre civilisation, au-delà des religions et dogmes qui la
composent et avilissent le genre féminin, on constate le besoin constant qu’ont
les moitiés à rechercher l’autre partie de leur être intégral. Et je ne parle
aucunement d’une recherche vers l’autre sexe, car on constate bien que notre
évolution nous emporte progressivement vers une unité spirituelle.
1-Source http://partage-le.com/2015/05
2-source ttps://positivr.fr/amerindiensdifferents
3-de homo (humain) et saphien (du saphisme dans sa version poétique) création
personnelle.
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